LES TONTINES DANS LES PAYS EN DEVELOPPEMENT


SECTION 2: LES TONTINES.


Nous avons vu dans la section precedante les caracteristiques du secteur financier informel, et nous allons etudier maintenant plus en profondeur le phenomene tontinier, phenomene en pleine expansion aussi bien en Afrique, en Asie, en Amerique Latine, voire meme dans les communautes etrangeres des metropoles des pays developpes.

Curieusement pourtant, le phenomene tontinier est reste longtemps meconnu. Il n'etait etudie sur le terrain que par quelques chercheurs ou anthropologues isoles. Mais la faillite du systeme bancaire et financier officiel dans de nombreux pays en developpement a mis en evidence le role extremement important et toujours croissant joue par les circuits financiers informels dont les tontines sont une des composantes essentielles, si ce n'est la plus importante..

Des lors, l'interet porte aux tontines allait donner lieu a une multitude de travaux qui revelerent enfin l'ampleur de ce phenomene.

Dans les annees soixante-dix, F. BOUMAN allait donner aux tontines une appellation plus scientifique : Associations rotatives d'epargne et de credit (AREC, ou ROSCAs en anglais). De leur cote, d'autres economistes organisaient des colloques sur le sujet, et la revue « Savings and Developpement » traitant abondamment des tontines faisait son apparition dans les kiosques. La Banque mondiale elle-aussi leur consacrer dans son « rapport sur le developpement » de 1989 tout un chapitre.

Les tontines existent donc sur tous les continents du monde, mais elles sont le plus repandues en Afrique et en Asie. Bien qu'elles prennent souvent des noms differents d'un pays a l'autre, partout elles presentent les memes caracteristiques qui tiennent a ce que les relations entre les membres sont particulierement etroites.

Cette seconde section est consacree a l' etude des grands traits specifiques aux tontines africaines et asiatiques, c'est-a-dire les differentes formes existantes, le role qu'elles jouent dans ces societes, leur fonctionnement, etc.... Nous etudierons egalement, dans le detail les tontines d'un certains nombre de pays de ces deux continents afin de s'apercevoir que les variantes regionales, ethniques ou nationales du modele de base sont relativement nombreuses.

I) DEFINITION.

1) La tontine est une association de personnes qui, unies par des liens familiaux, d'amities, de profession, de clan ou de region, se retrouvent a des periodes d'intervalles plus ou moins variables afin de mettre en commun leur epargne en vue de la solution des problemes particuliers ou collectifs.

Cette definition est proche de celle donnee par BOUMAN (1977) qui explique que « les tontines sont des associations regroupant des membres d'un clan, d'une famille, des voisins ou des particuliers, qui decident de mettre en commun des biens ou des services au benefice de tout un chacun, et cela a tour de role ».

2) La forme la plus elementaire de la tontine consiste en une formule mixte d'epargne et de credit qui fonctionne comme suit. Les participants versent regulierement des cotisations de montant fixe a un fonds commun qui est distribue tour a tour a chacun des membres, designe en general par tirage au sort. Quand chaque membre a recu le fonds une fois, le cycle doit normalement recommencer. Il faut noter que le premier membre a recevoir le fonds beneficie d'un pret sans interet, tandis que le dernier a le recevoir epargne tout au long du cycle sans etre remunere (voire meme un taux d'interet negatif si l'inflation est forte) pour toucher a la fin le meme montant qu'il aurait accumule en epargnant regulierement a titre individuel. Les autres membres se trouvent, selon leur rang d'acces au fonds, en position de debiteur ou de crediteur : leur participation leur permet neanmoins de beneficier de la somme totale plutot que s'ils avaient epargne par eux-memes.

II) L'ORIGINE DES TONTINES.

Les tontines existaient bien avant l'introduction de la monnaie dans l'economie. Elles plongent leurs racines dans l'histoire lointaine des peuples concernes.

En France aussi, autrefois, les paysans avaient l'habitude de travailler ensemble dans le champ de chacun a tour de role, ou de reparer ensemble le toit des maisons, l'une apres l'autre.

Les pays africains de leur cote faisait de meme. En effet, les Africains, eux aussi, se sont depuis longtemps groupes pour travailler ensemble successivement dans le champ de chacun d'eux ou construire chaque maison l'une apres l'autre dans le village. Ils constituaient de cette facon une tontine de travail qui pouvait servir par exemple a creuser les tombes, ou alors une tontine en nature pour acheter des tuiles ou organiser une fete. Ce n'est que plus recemment, quand la monnaie a commence a circuler, qu'ils ont constitue des tontines d'argent.

Il n' y a que peu de temps que des ecrits mentionnants l'existence de tontines en Afrique sont apparus. En 1952, W.R. Bascom parle de l'Esusu au Nigeria et dans les pays voisins ou il est pratique couramment par les musulmans yorubas. Selon Ardener, l'Esusu serait apparu en realite vers le milieu du 19eme siecle.

Puis, au cours des annees suivantes, de plus en plus d'informations sur ce type de pratiques vont permettre de mieux connaitre les mecanismes tontiniers, et de s'apercevoir que les tontines existent en fait dans de tres nombreux pays d'Afrique. Ce sont les pays d'Afrique de l'ouest qui feront d'abord l'objet d'etudes sur les tontines, et en particuliers le Nigeria, la Sierra Leone ou il semble que le phenomene soit tres ancien.

La litterature sur les autres pays d'Afrique de l'ouest rapporte que c'est aux alentours de la fin du dix-neuvieme siecle et au debut du vingtieme siecle que les tontines ont fait leur apparition. Les tontines semblent etre beaucoup plus recentes en Afrique de l'est.

Contrairement a l'Afrique, les choses sont nettement plus anciennes en Asie. Au Japon, par exemple, l'apparition des premieres tontines - avec argent - daterait de 1275, et. en Coree, le « Kye » serait peut etre apparu des le neuvieme siecle.

Certains auteurs, specialises dans l'etude des tontines asiatiques, pensent qu'elles sont apparues des le 2e siecle apres Jesus Christ. L'hypothese qui parait la plus vraisemblable a leurs yeux est que les tontines de credit, qui etaient en realite des societes d'entraide, doivent leur origine a l'influence bouddhique et au role joue par les monasteres. Les mujins auraient alors pris leur essor a la fin du VII siecle.

Quelle que soit leur anciennete, ces pratiques n'ont guere cesse depuis, tout en evoluant. Il y a donc plusieurs siecles, des « societes pecuniaires », qui ressemblent fort aux tontines actuelles, etaient pratique courante dans l'empire chinois ou tout le monde se reunissait par groupe et mettait ses ressources en commun. La contrainte etait tres forte, et il n'y avait quasiment pas de defaillance. L'initiateur de cette societe pecuniere profitait en general toujours du premier tour, mais si un membre etait en grosse difficulte, il pouvait obtenir l'argent en priorite. Le systeme de base est reste le meme aujourd'hui, comme nous le verrons par la suite. Certains avaientt meme imagine que chaque mois la mise de ceux qui n'avaient pas encore profite du lot serait legerement augmentee ; c'etait la un moyen original d'introduire l'interet dans ces operations d'epargne et de credit...L'interet est lui aussi toujours present, bien que de facon differente. C'est le systeme des encheres, qui est encore utilise dans bien des pays de la region.

La tontine est egalement apparue tres tot dans d'autre pays d'Asie. Par exemple, un contrat du quatorzieme siecle fait etat d'une telle pratique au japon ou on la trouve sous l'appellation de Kou. Ces tontines existaient deja dans ce pays un siecle plus tot des 1275. On aurait meme retrouve cette appellation dans des textes datant de 606. En Coree, le Kyes aurait ete pratique des le IX siecle!. Malheureusement, on ne dispose que de tres peu d'informations sur l'origine des tontines dans les autres pays asiatiques.

Le Kou n'est plus pratique actuellement au Japon, mais il y a toujours des Kyes en Coree, comme il y a des arisan en Indonesie, des paluwagan aux Philippines, des pia huey en Thailande, des kutu en Malaisie, des hui au Vietnam; des dhikuti au Nepal, des sandes en Papouasi-Nouvelle Guinee, et, bien sur, des chitt aux Indes, et des cheetu au Sri Lanka. On rencontre certes quelques variantes ici ou la, mais ce sont partout les memes pratiques, ce sont les memes formules de base....Il s'agit bien de tontines.

Cette appellation de tontine est apparue assez vite dans l'ensemble de ces pays. Le mot vient d'un financier italien prenomme Tonti qui avait convaincu Mazarin, vers 1650, d'utiliser une nouvelle formule d'emprunt pour renflouer les caisses de l'Etat. Aux tontines publiques ont succede des tontines privees qui permettaient de preparer sa retraite ou de s'assurer sur la vie. Il est plutot etonnant de retrouver cette expression francaise utilisee dans tous ces pays. On la rencontre meme dans le Chitt Funds Act promulgue a Singapour en 1971 qui s'y refere expressement.

Selon T. Pairault (1990), le terme semble avoir ete utilise pour la premiere fois par un juriste francais dans un ouvrage publie a Saigon en 1905...l'annee meme ou une nouvelle loi sur les tontines est promulguee en metropole, ceci expliquant cela!. Les tribunaux d'Indochine ont ensuite a plusieurs reprises utilise la formule, les commentateurs d'arrets l'ont expliquee, et les juristes ont fini par se rendre compte que dans les pays voisins ces pratiques etaient les memes, et donc une appellation commune serait beaucoup plus simple. Cette explication laisse cependant sans reponse la question de savoir comment l'expression est passee du continent asiatique au continent africain.

III) LES TONTINES AFRICAINES:

A) GENERALITES

Les tontines africaines sont sans doute celles qui ont ete le plus etudiees. Elles sont, comme nous le verrons dans la section suivante, presentes dans la majeure partie des pays africains. Avant de decrire quelles sont les finalites des tontines africaines, les acteurs qui en font partie et les differentes formes existantes, nous allons voir quelques regles de base qui permettent le bon fonctionnement de ces tontines;

-Constitution: en regle generale, la population qui adhere aux tontines est souvent d'origine rurale. Les membres qui se regroupent se connaissent toujours a l'avance, et donc, bien que l'adhesion soit libre, elle est le plus souvent selective. Dans ce cas, on parle de tontine fermee par opposition a la tontine ouverte qui peut regrouper des personnes ne se connaissant pas a l'avance mais decidant de former une tontine a l'initiative de l'une de ces personnes, ou alors une tontine ou des adherents peuvent parrainer une personne de leur entourage.

Mais le facteur predominant reste la connaissance des membres entre eux et donc la confiance, confiance qui bien souvent constitue un gage de securite.

L'aire geographique peut etre tres large, et la taille peut varier enormement. De meme, une tontine peut etre mixte, ou ne regrouper que des hommes ou que des femmes. Mais la composition de la tontine ainsi que sa taille jouent bien evidemment un role fondamental vis-a-vis des criteres de confiance et de securite.

-Duree: celle-ci est tres variable. La tontine est constituee pour un cycle, renouvelable par tacite reconduction. Donc, une tontine peut etre illimitee si les membres le decident, ou elle peut s'arreter apres un tour complet pour telle ou telle raison. Certaines tontines tentent de se premunir contre les risques sociaux tels que le deces, la maladie, les changements de domicile,...et elles prennent alors des precautions des la constitution de la tontine (cautions, avals, provisions, etc...).On peut egalement souligner que parfois un cycle trop long peut engendrer la lassitude des membres ce qui conduit a des demissions ou des oublis de paiement.

-Reunions: Les reunions ont lieu a chaque tour. Elles peuvent se faire chez le president, mais s'effectuent le plus souvent chez l'un ou chez l'autre des membres a tour de role. C'est au cours de ces reunions que sont prises les decisions, le plus souvent sous forme de consensus. La reunion est en general l'occasion de passer un agreable moment, permettant d'echanger des informations, de parler de ses affaires, de ses projets, de ses soucis,...Parfois les reunions sont aussi l'occasion de resoudre les problemes internes de la tontine.

La presence a ces reunions est obligatoire, et la ponctualite est de mise. Dans le cas contraire, une sanction peut etre appliquee soit en nature soit en numeraire. En effet, la presence aux reunions est consideree comme un devoir moral, et le non-respect de celui-ci peut entrainer la perte de confiance aupres du groupe. De meme, la discipline est de regle lors des reunions, et comme nous le verrons en detaillant les acteurs de la tontine, si cette discipline n'est pas respectee, le censeur peut etre amene a infliger une amende a l'auteur du desordre.

-Financement: Seuls les apports des membres de la tontine permettent de financer celle-ci. La tontine n'est pas bonifiee ou enrichie par des apports exterieurs aux membres. La constitution d'une caisse par le tresorier permet de faire face a certains frais supplementaires pouvant intervenir lors du cycle. Cette caisse (egalement appelee cagnotte ou tirelire) est alimentee soit par un versement initial qui n'est pas redistribue par la suite, soit par un versement au cours du cycle qui est demande aux participants en cas de besoin.

-Fin de la tontine: pour marquer la fin de la tontine, une grande fete est generalement organisee (Mais des fetes ont egalement lieu tout au long de la tontine). La fin de la tontine est en meme temps le debut de la suivante, et les participants profitent de cette occasion pour mettre au point les conditions dans lesquelles ils vont maintenir en vie l'association.

a) Finalites des tontines africaines:

Instrument d'epargne, systeme de credit, rassemblement d'amis pour des echanges d'idees, clubs de rencontres, reseau d'influence sociale, lieu de partage des joies familiales, groupe de soutien pour les moments difficiles et notamment pour les deuils, la tontine est tout cela a la fois. En fait, chaque membre y trouve des avantages qui lui sont propres. On peut signaler tout de meme que pour les jeunes, la tontine est d'abord un instrument economique, alors que pour les plus anciens, elle permet avant tout la solidarite collective.

Trois grandes finalites se degagent tout de meme:

Les tontines africaines ont avant tout une vocation sociale. Elles ne sont que l'une des innombrables formes d'associations existantes, a cote des reunions de jeunes, des groupements de femmes, des clubs d'epargne qui fleurissent dans les villages et dans les villes et qui permettent aux africains d'exprimer leur sens de la solidarite. La tontine privilegie le groupe par rapport a l'individu dont le comportement etait regi par les principes de vie communautaire imposes par les moeurs et les coutumes. La tontine est une sorte de caisse de prevoyance a laquelle chacun des membres adhere en prevision de difficultes qui peuvent survenir, par exemple au plan familial. En effet, le besoin de securite face aux differents risques sociaux a rendu necessaire le recours aux tontines, celles-ci devenant de puissants moyens de couverture sociale. (Citons par exemple le cas d'un adherent perdant un proche parent, il obtiendra un secours qui l'aidera a faire face aux frais d'obseques.

La tontine est aussi un moyen de mener un projet en commun, et toujours une occasion de rencontre.Par le biais de la tontine, un individu recherche egalement la renommee sociale.

Les tontines ont egalement un role economique. Il s'agit d'utiliser des fonds, soit pour un investissement a court terme, soit pour un evenement prevu ou imprevisible, de maniere collective ou individuelle. Dans le cas d'un usage individuel, les adherents ont parfois l'obligation d'indiquer l'usage qu'ils vont faire de l'argent qu'ils vont receuillir en exposant leur projet aux autres membres. Ils doivent aussi parfois accepter que l'emploi des fonds collectes soit surveille par un membre de l'association.

Enfin, les tontines ont un role financier. La tontine africaine est une technique eprouvee de mobilisation de l'epargne. La participation a une de ces tontines implique l'obligation de verser periodiquement une cotisation. Ces cotisations peuvent etre attribuees au membre qui en a le plus besoin, ou dans le cas d'un ordre preetabli, elles seront attribuees selon cette regle, bien qu'il existe la possibilite d'echanger voire d'acheter un tour.

b) Les acteurs de la tontine

Nous allons decrire ici les differents postes que l'on peut rencontrer dans ces tontines africaines, bien qu'ils peut y avoir quelques variantes de l'une a l'autre.

A la base se trouvent bien sur au depart les fondateurs de la tontine. Ceux-ci peuvent, dans certains cas, avoir des droits particuliers les distinguants des autres membres. Par exemple, la ou un candidat devrait, pour etre accepte, obtenir le parrainage de deux anciens membres, il lui suffira d'un seul parrain si celui-ci est un membre fondateur. Il arrive egalement que ces fondateurs se partagent les droits d'entree qui sont demandes aux nouveaux arrivants.

Chaque association est animee par un bureau ou commission de coordination dont la composition est assez variable. Ce bureau comprend en regle generale:

-Un president qui est en principe elu ( on notera qu'il est souvent le fondateur de la tontine). Il assure la direction generale de la tontine, preside au deroulement des seances, assure l'execution des decisions prises au cours d'une seance et veille de maniere generale a la bonne marche de la tontine. Il est en meme temps le garant moral de la tontine, en ce sens que les adhesion des nouveaux membres sont largement tributaires de la confiance qu'il inspire. De son dynamisme depend d'ailleurs celui de l'ensemble de la tontine, et notamment sa capacite a s'etendre soit a l'ensemble du village, soit a d'autres villages, en zone rurale, au quartier ou a des personnes venant d'autres milieux ethniques ou socio-professionnels en zone urbaine.

Dans certains cas, il est assiste d'un ou plusieurs Vice-presidents. Ceux-ci sont, tout comme lui, choisi parmi les notables du village, dont la moralite est etablie et qui jouissent de ce fait d'un capital de confiance de la part des membres, ou, en zone urbaine parmi les plus ages ou en fonction de la fonction exercee dans la vie professionnelle.

-Le secretaire tient les archives de la tontine qu'il met a la disposition des membres pour consultation en cas de besoin. On se refere a lui pour l'interpretation et le respect scrupuleux du reglement. Il remplace le President en cas d'empechement. Sa fonction est tres importante du fait qu'il signe toujours les documents attestants du versement des fonds, ou des decaissements en fonction des decisions prises au cours de l'assemblee.

-Le tresorier tient la comptabilite de la tontine et remplace le secretaire en cas d'empechement. Il a la garde des fonds percus, notamment ceux des caisses d'epargne et de prets, et ceux des caisses de secours ou d'assistance. Il en assure la garde sous sa propre responsabilite, de telle sorte qu'en cas de deficit dans les comptes il est tenu d'en assurer le financement sur ses ressources personnelles. De ce fait, le choix d'un tresorier est un exercice difficile.

-Les commissaires aux comptes verifient la comptabilite de la tontine. Leur role prend une importance particuliere en fin de cycle, lorsqu'il faut repartir les interets entre les differents membres de la tontine.

-Enfin, le censeur veille a la discipline lors des seances de la tontine. C'est a lui qu'incombe la charge d'appliquer les amendes et penalites en cas de retard, de troubles, etc...

c) Les diverses formes de tontines:

Il existe plusieurs types de tontines, chacune d'entre-elles etant, dans sa composition, a dominante professionnelle ou geographique. Les tontines professionnelles ou socio-professionnelles sont les tontines: -de cadre -de fonctionnaires -d'agriculteurs -d'artisans -de commercants -d'entreprise...

Les tontines geographiques sont les tontines: -de quartiers -de villages -des Africains en France -de l'elite en R.C.A. .....

On peut distinguer trois types principaux de tontines: les tontines mutuelles, les tontines commerciales, et enfin les tontines financieres.

i) Les tontines mutuelles:

Ces tontines sont les plus repandues. Elles reposent sur la solidarite entre membres qui se connaissent bien.

Les tontines mutuelles peuvent etre definies comme des fonds d'epargne rotative ou les levees beneficient a chacun des societaires selon un ordre preetabli, mais revisable. Chacun peut preter et emprunter et remplacer une creance par une dette. Ces creances et ces dettes ont plusieurs caracteristiques particulieres:

-Elles ne sont assorties d'aucun interet. En effet, les creances ne rapportent rien, et les dettes ne coutent rien non plus. Ainsi, l'epargne et le credit sont gratuits.

-Il n'y a pas d'intermediaire. Tous les adherents ont certes des creances et des dettes, mais ils les ont les uns envers les autres du fait que la tontine ne dispose pas d'une personnalite juridique propre.

-Les creances et les dettes se compensent parfaitement tout au long du cycle et s'annulent au dernier tour. L'accumulation n'est ici que temporaire.

ii) Les tontines commerciales:

Dans cette forme de tontine, les fonds sont collectes par un tiers qui a pris l'initiative de la creation du groupe et qui joue le role de banquier, prelevant une commission pour le service qu'il rend d'ajuster au mieux l'epargne collectee et les prets debourses.

Ces tontines commerciales ne sont pas veritablement des tontines au sens propre du terme, puisqu'il s'agit le plus souvent d'un accord bilateral entre le « banquier ambulant » et son client qui n'a, comme seule initiative, que de mettre en concurrence les banquiers ambulants au niveau des eventuels services offerts et, notamment, du taux de garde reclame pour garder l'argent en securite.

Dans cette forme de tontine, on peut egalement parler de creances et de dettes. En effet, la creance du client augmente au fur et a mesure qu'il depose son epargne chez le tontinier, qui lui, a l'inverse voit sa dette augmenter d'autant. La creance des clients et la dette du tontinier sont la contrepartie l'une de l'autre: elles progressent a chaque versement et diminuent lors du remboursement. Les caracteristiques de ces creances et de ces dettes sont les suivantes :

-Elles s'accompagnent, contrairement a celles des tontines mutuelles, d'un interet. Mais cet interet est un interet negatif puisque c'est le client qui le paye pour que son argent soit en securite. En general, il est de 3%.

-Il n'y a toujours pas d'intermediaire. Le tontinier ne prete pas aux uns ce qu'il a recu des autres, mais il y a un agent avec lequel tous les clients sont en relations, et sur lequel ils ont tous une creance juridiquement identifiee. Cette creance est d'ailleurs materialisee par la carte, emise au nom du tontinier qui l'a remise a chaque client et dont il coche une case a chaque versement. Elle est un titre de creance dont la validite a deja ete reconnue en justice. Si le client la perd, le tontinier peut refuser de le rembourser....mais il a plutot interet a garder la confiance de ses clients.

-La dette du tontinier et la creance de ses clients progressent parallelement jusqu'au remboursement. Ici egalement, l'accumulation est temporaire, mais elle est reguliere car les versements s'echelonnent selon un echeancier prevu d'avance. Ainsi, la determination de la valeur de ces creances et de ces dettes est plus facile car tres souvent, les clients qui viennent d'etre rembourses reprennent aussitot leurs versements.

iii) Les tontines financieres:

Contrairement aux tontines commerciales, ou l'on cherche au maximum a recuperer l'argent depose, les depots effectues ici par l'ensemble des adherents sont mis aux encheres selon des modalites statutairement definies.

Le participant le plus offrant paie donc un interet pour emprunter l'argent de la tontine. Le taux diminue a mesure que les tours se succedent puisque les candidats sont de moins en moins nombreux et que la duree restant a courir est de plus en plus courte. Le produit de ces encheres est ensuite reparti entre les participants qui, quelle que soit leur propre enchere, se trouvent remuneres de leurs propres versements. L'interet est negatif pour ceux qui ont besoin d'emprunter rapidement, et positif pour ceux qui ont pu attendre.

L'interet n'est pas le prix d'equilibre de l'offre et de la demande de liquidite a un moment donne, il resulte de l'etalement pendant le cycle des besoins de chacun.

La part de cotisation varie d'une tontine a une autre en fonction du niveau des revenus des membres et des objectifs qu'ils visent.

On peut signaler que cette forme de tontine est tres presente au Cameroun ou elle est pratiquee par les Bamilekes. Elle s'etend desormais a plusieurs pays voisins comme le Benin, le Centrafrique ou le Burkina Faso. On trouve egalement ce type de tontines en Chine et a Taiwan. Pour plus de details, on se reportera au chapitre

Compte tenu de l'ensemble de ces facteurs, les sommes mobilisees peuvent aller des montants les plus modestes a des montants tres importants. ( par exemple, les tontines des menageres aux conditions modestes recoltent rarement plus de 1000 a 5000 francs CFA, celles des commercants moyens et petits salaries peuvent distribuer a chaque tour plus de 5000 francs a 500000 francs CFA, et dans les tontines des grands commercants, les sommes mises aux encheres peuvent s'elever a 50000000 francs CFA).

(Face aux sommes ainsi mobilisees par le canal des tontines d'une part, et si l'on compare d'autre part les formalites a remplir pour devenir membre d'une tontine a celles qui sont exigees pour acquerir un credit dans une institution financiere moderne, nul ne peut que mieux apprecier le role economique des tontines pour ces gens a faible revenus, rejetes de toutes les instituions financieres).

d) LE STATUT DES TONTINES:

En Afrique, les tontines ne sont pas encore reconnues legalement. Cependant, on peut observer quelques modifications allant dans ce sens. Par exemple, dans la zone de l'Union economique et monetaire ouest-africaine, une loi sur les institutions mutualistes ou cooperatives d'epargne et de credit est en cours d'adoption devant les parlements nationaux. Cette loi vise plutot le secteur semi-formel, mais pourrait servir de tremplin aux tontines pour solliciter leur reconnaissance aupres des autorites.

Remarques sur les differentes formes de tontines:

Les tontines, au-dela d'etre un moyen d'epargner ensemble et de beneficier a tour de role de tout ou partie de cette epargne, peuvent complementairement ou principalement jouer un role social. Elles sont une forme d'entraide, notamment en cas d'hospitalisation ou de deces.

Les interets percus sur les encheres peuvent alimenter cette « section sociale » ou cette derniere peut aussi faire l'objet d'une cotisation particuliere. Certains considerent que le role des tontines est celui d'une « espece de securite sociale a l'africaine ».

Elles en constituent, en tout cas, l'essence meme, l'amorce economique et ethique, l'embryon d'un systeme de prevoyance par repartition, voire meme pour les prestations deces, d'un systeme par capitalisation.

Les associations, et c'est a leur avantage, ne reduisent pas l'individu au simple role d'assiste. Il est un acteur economique et social important au sein de son quartier.

B) LES TONTINES DANS DIFFERENTS PAYS AFRICAINS.

Nous allons etudier ici les differentes variantes d'associations rotatives d'epargne et de credit existantes dans les pays en developpement. On pourra constater l'ampleur du phenomene tontinier, et voir que si a la base, ces tontines sont fondees sur les memes principes, il existe un grand nombre de variantes.

Ces quelques exemples ne sont pas exhaustifs. Le choix de tel ou tel pays s'est fait a partir des etudes et documents deja existants et qui ont pu etre recueillis au cours de mes recherches documentaires..... Le tableau de la page suivante nous montre tout d'abord la grande diversite des tontines africaines, et le fait qu'on les rencontre parfois sous la meme appellation dans des pays differents.

Senegal Nath Piye Bakary Dambele
Gambie Osussu
Guinee Sere kele Kondiani
Sierra Leone Asussu
Liberia Esussu
Cote d'Ivoire Diari Wari
Ghana Susu Nanemei
Benin Sokoue So Adjolou
Togo Susu adassi So Omo
Nigeria Esussu Dashi Bam Oha
Niger Asussu Adashi
Mali Dashi Pari Ton Keita
Burkina Faso Adossa Pare Naam Tintani
Tchad Pare Tchackin
R.C.A. Likelemba
Cameroun Djanggi Mandjoun Ntsuia
Gabon Sokode
Congo Kitemo Moziki
Zaire Likelemba Kitemo Osassa Bandal
Rwanda Ibilemba Yama Franga Omosanjiro
Egypte Gameya
Soudan Khatta Sanduk
Ethiopie Ekub Edir
Ouganda Chilemba
Kenya Obilimba Harambee
Malawi Chilemba Katapila Chilezolama
Zambie Chilemba
Zimbabwe Chilemba
Madagascar Fokontany
AfriqueduSud Stokfel Mahadisama Chitu Chita


| GAMBIE | CAMEROUN | SOMALIE | NIGER | RWANDA | BURKINA FASO | BENIN |
GAMBIE:

Ces associations porte ici le nom d'osusu, et elles se multiplient aussi bien dans les zones rurales que dans les zones urbaines. Elles sont pour la plupart organisees par des femmes, et fonctionnent selon un mode classique: versement de sommes fixes a intervalles reguliers qu'un membre retire lors de ces versements.

Ces osusu Gambiens sont tout particulierement importants parmi les femmes travaillant dans les marches des villes et parmi les petits fonctionnaires de Banjul et de province. Ils apparaissent egalement dans les villages agricoles. Une enquete de l'anthropologue Parker Shipton en 1987 a revele que 17% des femmes interrogees appartenaient a une de ces associations contre seulement 1% des hommes.

Dans les villages, les groupes sont constitues presque exclusivement de femmes, et la majorite d'entre eux ne comprenaient que des personnes d'une meme categorie d'age.

La participation de chacun des membres est assuree par la pression des autres membres dont les liens peuvent etre multiples: habitants d'un meme quartier, sexe ou age en commun, relations familiales ou appartenance au meme groupe ethnique. Chaque groupe possede egalement un chef ou organisateur reconnu de tous.

Parker Shipton a par la suite dresser une liste des avantages et inconvenients qui ressortait de son etude (« La corde et la caisse », in D.W. Adams « Finance informelle dans les pays en developpement » pp. 49-50,).

Les avantages sont les suivants:

-l'osusu donne aux epargnants une excuse socialement acceptable pour refuser des prets ou dons a des non-membres.

-L'osusu offre des services financiers a des personnes qui, sinon, risqueraient de ne pas pouvoir beneficier de services bancaires a cause d'un manque de depot initial ou a cause d'autres problemes.

-Generalement, aucune caution n'est exigee.

-L'osusu n'est pas intimidant, comme un organisme financier formel peut parfois l'etre. Il n'y a pas d'obstacle linguistique.

-Il ne necessite ni papiers a remplir ni deplacement, et minimise donc les couts de transaction.

Il donne l'occasion de reunions sociales.

-Etant donne que la transaction a generalement lieu lors de reunion de groupe, les risques de vol et de triche sont reduits.

-Si le groupe le desire, il peut surveiller la facon dont les membres depensent leurs fonds.

-L'osusu peut etre une forme d'assurance.

-Parce qu'il nait de l'initiative de ses membres, l'osusu est generalement ressenti comme une obligation tres forte. Les groupes qui se reunissent pour faire leurs versements peuvent egalement beneficier de l'occasion sociale.

-Lorsque des membres appartiennent a plusieurs ososus, cela permet de faire circuler des montants monetaires importants a travers une population.

-L'epargne dans le cadre d'un osusu n'est sujette ni a un examen minutieux gouvernemental, ni a un controle ni a une imposition fiscale etatique.

Les inconvenients pour leur part sont:

-un osusu qui dure toute l'annee n'est pas ideal pour les communautes qui dependent d'une agriculture seche, parce que les besoins en fonds de beaucoup de membres ont des chances d'arriver au meme moment: c'est le probleme de « covariance saisonniere ». De la meme facon, les osusus sont rarement utiles pour financer des intrants agricoles.

-Meme pendant la saison facile, on ne peut pas toujours obtenir l'argent quand on le veut. La plupart des osusus ont des ordres de rotations flexibles, mais les besoins d'un autre membre peuvent etre juges plus pressants que les votres a un moment donne;

-Le groupe depend fortement de la participation continue de tous ses membres.

-Le groupe ne peut pas facilement s'adapter a des membres qui demenagent, soit qu'ils arrivent dans la communaute, soit qu'ils en partent.

-Les depots et emprunt effectues dans le cadre d'un osusu ne sont pas secrets au niveau local.

Peux d'informations sont disponibles sur la taille de ces associations rotatives d'epargne et de credit. Il n'existe pas de taille « ideale », celle-ci variant selon la tache et le caractere de ses membres ou des chefs de groupe, mais egalement selon le sexe, l'ethnie ou encore l'age. Selon l'auteur de l'enquete, l'osusu a des caracteristiques qu'il faudrait incorporer lors de la conception de systemes institutionnels formels de credit.

D'autres caracteristiques concernant ces osusu de Gambie paraissent interessantes a etudier:

-il semble que les associations rurales ne comprenant que des membres du meme sexe reussissent mieux que lorsqu'elles sont mixtes. Cela pourrait venir du fait que parce qu'ils sont du meme sexe et du meme age, les membres d'un meme osusu rural auront vraisemblablement des niveaux de solvabilite ou de capacites financieres similaires.

-Les groupes qui ont le plus de chances de reussir a mobiliser ou a gerer des finances au niveau local sont les groupes qui existent deja dans d'autres buts (travail agricole, activites pour jeunes, sports).

-Un autre avantage subtil de l'osusu et des autres clubs de contributions est que leurs membres ne peuvent pas facilement se surrendetter, puisque les montants des prets sont reglementes par les montants que les agriculteurs de condition similaire peuvent deposer. Les montants sont automatiquement ajustes a des niveaux remboursables.

-Enfin, comme nous l'avons deja vu, ces systemes d'epargne et de credit de groupe ont tendance a mieux fonctionner que les systemes individuels, pour les paysans pauvres et surtout pour les femmes.


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CAMEROUN:

Les associations rotatives d'epargne et de credit au Cameroun ont ete documentees pour la premiere fois par Meyer. On les appelle djanggis dans les provinces anglophones, et bien sur tontines dans les provinces francophones. Elles ont fait l'objet de nombreuses etudes par la suite. Nous nous referons ici a la typologie de Bruno BEKOLO-EBE (1991) afin de donner un apercu des differentes formes que peuvent prendre les tontines camerounaises et du comportement d'epargne des agents economiques a l'interieur de celles-ci.

Si le comportement a l'interieur des tontines est d'abord determine par la tradition sociale, la recherche de gain et de rendement financier guide de plus en plus ce comportement.

Selon BEKOLO-EBE, cinq types de tontines sont representatifs du systeme tontinier de ce pays:

-La tontine simple: Il y a un nombre fixe de participants, ceux-ci versant une somme, elle aussi fixee par avance, regulierement, et suivant un ordre predetermine, chacun recevra le produit des versements de l'ensemble des participants.

Dans ce type de tontine, le comportement des participants peut etre defini comme un comportement de faible risque. Ils trouvent en fait un avantage dans la contrainte d'epargne qu'implique la tontine.

Donc, la tontine de ce point de vue apparait comme un systeme d'incitation a l'epargne. Seule la position de chacun dans le cycle de la tontine introduit une difference quant au cout supporte (le delai d'attente entraine souvent une depreciation monetaire du fait de l'inflation). Cependant, la place dans le cycle resulte elle aussi souvent d'un consensus entre participants, et fait jouer des regles plus ou moins formelles. Par exemple, se sont la plupart du temps les nouveaux membres qui sont places en fin de cycle, et les plus anciens en debut de cycle.

Les membres qui appartiennent a ces tontines sont en general des individus qui ne sont pas attires par le gain financier, mais des individus pour qui la tontine a avant tout un role social.

-La tontine simple avec caisse de prets: Chaque participant, en plus de sa cotisation fixe verse une seconde somme d'argent qui depend de ses possibilites, et cette somme vient s'ajouter a celles des autres membres pour constituer la caisse des prets. Les participants comme les non-participants peuvent se voir accorde un pret dont le remboursement produira des interets qui seront redistribues en fin de cycle a chacun des membres uniquement, et cela au prorata de ce qu'ils y auront verse au cours du cycle. Etant donnee l'existence de cette caisse de prets, on peut dire que les individus qui adherent a ces tontines sont attires par le gain financier puisqu'ils cherchent en effet a realiser une plus-value. Cependant, ils doivent accepter une double contrainte d'epargne. La premiere etant qu'ils doivent participer normalement a la tontine et donc verser periodiquement une somme fixe. La deuxieme contrainte est cette contribution a la caisse de prets qui peut etre variable, mais tout de meme obligatoire. C'est un systeme assez repandu au Cameroun chez les femmes, celles-ci jouant un role important de preteur sur le marche de l'argent a court terme. Ces contraintes existent aussi dans le troisieme type de tontines.

-La tontine avec caisse de prets et de secours: Dans cette tontine, tres proche du deuxieme type, les membres pratiquent un troisieme versement periodique qui alimente une caisse de secours destinee a aider les divers participants en cas d'evenement heureux ou malheureux, par exemple un mariage, une naissance, un deces, un incendie,...

-la tontine avec encheres non capitalisees: Ce systeme tend a etre de plus en plus repandu, et ses regles integrent la notion de cout de capital et de risque. Contrairement aux systemes precedents, les sommes collectees en une periode, celles-ci constituant le gros lot, sont vendues aux encheres et remises au plus offrant. Seuls les participants n'ayant pas encore beneficie du gros lot sont autorises a participer aux encheres. Le comportement qui caracterise les membres de ces tontines est un comportement dit de « speculateurs calculateurs ». Ils speculent en effet sur le montant des encheres qu'ils font, et qu'ils esperent peu eleve, et ils speculent egalement sur le montant des encheres des autres acquereurs, qu'ils souhaitent le plus eleve possible pour augmenter le nombre de tours gratuits. Ces tontines sont composees essentiellement de commercants, des speculateurs immobiliers, d'investisseurs ou de petits et moyens entrepreneurs.

-La tontine avec encheres capitalisees: La difference avec le type precedent est que la rime d'enchere payee par celui auquel on attribut le gros lot est divise en petits lots qui seront revendus egalement aux encheres sur du court terme. Gros lot et petits lots constituent respectivement le « marche principal » et le « marche secondaire ». Les marches se terminent une fois que l'ensemble des montants apportes a ete redistribue. Des personnes exterieures a la tontine peuvent avoir acces au marche secondaire par l'intermediaire d'amis membres. Parfois, les sommes cumulees sur le marche secondaire seront suffisantes pour proposer un deuxieme gros lot, et dans ce cas, le cycle de la tontine sera reduit d'une periode.


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SOMALIE:

Les agriculteurs somaliens ont parfois recours a des associations rotatives d'epargne et de credit, appelees la-bas shaloogo. Mais c'est dans les zones urbaines de Somalie que l'on trouve le plus frequemment ces associations, surtout chez les vendeurs de marches et meme les fonctionnaires.

Mais, lorsqu'ils ont besoin de credit, ces agriculteurs s'adressent le plus souvent a des commercants ou preteurs professionnels pour obtenir un pret.


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NIGER:

le Niger est un pays sahelien a faible densite de population et sujet a la secheresse. L'agriculture de subsistance y domine, suivie de l'elevage. Des troupeaux de gros betail migrateurs se deplacent et traversent les frontieres des pays voisins. Risque et incertitude sont courants dans les campagnes de ce pays, et, hors des grandes villes, la finance informelle est presque toujours l'unique source financiere.

Dans ce pays, les tontines villageoises sont tres variees. Elles vont de groupes de menageres et d'agriculteurs, a des groupes de vendeurs de marche, de chefs de petites entreprises, d'instituteurs et d'agents de vulgarisation, entre autres.

A la base de ces associations se trouve l'occupation professionnelle, bien que de temps en temps, certains groupes soient des melanges de differents genres. Ces liens professionnels sont evidemment en correlation etroite avec des niveaux de revenus similaires. La proximite geographique est aussi une caracteristique importante de ces tontines.

Une etude realisee par l'Ohio State University sur 56 tontines somaliennes rapportait que le nombre de membres variait de quatre a quarante individus, et que la frequence des reunions, des versements et des prets allait de cinq jours a un mois. Le cycle complet de ces tontines oscillait entre un mois et un an. L'ordre de reception d'un pret etait quant a lui flexible, pouvant s'adapter ainsi aux besoins de ses membres. Les tontines a revenus eleves avaient un tresorier informel qui souvent etait remunere ou privilegie dans l'ordre de reception des prets. Certains membres appartenaient a plusieurs tontines a la fois.

Les resultats de cette etude montraient egalement le large volume de fonds se deplacant a travers ces groupes, bien qu'il existait des differences notables entre les montants des nombreuses tontines.


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RWANDA:

Quelques associations sociales similaires aux tontines existent depuis longtemps dans la societe rwandaise, mais la tontine typique est relativement recente.

Aujourd'hui, le mouvement tontinier occupe au moins quatre creneaux d'activite: tontines d'entraide en argent, tontines d'entraide rotative en travail agricole, tontines d'entraide rotative en travaille de construction-logement et mutuelles de prevoyance multirisque. On notera que les tontines des trois premiers creneaux sont basees sur un principe de reciprocite tres precis qui justifie leur bon fonctionnement et la pleine satisfaction de ses membres.

En 1988, un recensement effectue au Rwanda sur les tontines en denombrait plus de 9200. Le descriptif des differentes formes de tontines est base sur ce recensement de 1988.

i) les associations d'echange rotatif d'argent: celles-ci sont le type de tontines le plus repandu au Rwanda, soit environ 55% de l'ensemble du mouvement tontinier.

Ce systeme d'epargne est au depart concu pour resoudre a tour de role divers problemes personnels des membres qui forment la tontine. Les revenus monetaires d'un certain nombre d'individus sont collectes regulierement et attribuer a l'un d'eux pour qu'il utilise ces fonds a son profit personnel. Comme la majeure partie des tontines de ce type, la confiance en est un des principes de base, celle-ci s'obtenant surtout en ouvrant la tontine aux individus bien connus de tous les membres.

Les sommes epargnees ne produisent ici aucun interet financier pour l'epargnant. Leur fonctionnement s'articule autour d'un comite de direction compose d'un president, d'un vice-president, d'un secretaire, d'un tresorier, parfois meme d'un « policier » charge de la discipline et du maintien de l'ordre lors des reunions. Ce comite de direction procede a la collecte et a la remise des fonds.

En dehors du cahier des tours de versements, les tontines sont generalement depourvues de reglement ecrit, ce qui n'empeche pas que la regularite des versements des montants convenus est rigoureusement surveillee par tous.

Les retards des versements sont sanctionnes d'une amande, en general de 10 a 30%, ceci permettant d'alimenter une caisse commune pour financer l'ambiance festive des reunions. On voit donc que cette tontine correspond a une association rotative d'epargne et de credit mutuelle classique, comme nous les avons decrites dans le chapitre precedent.

ii) Les associations d'echange rotatif de travail: c'est quantitativement le deuxieme modele de tontines qui existe au Rwanda, soit pres de 32% de l'ensemble des tontines.

Les tontines de travail fonctionnent suivant le meme schema rotatif de distribution de l'epargne, exigent la meme cohesion et la meme confiance entre les membres que les tontines d'argent. Le comite de direction par contre n'existe pas ici, la confiance entre les membres suffisant au bon fonctionnement de ces tontines.

Ainsi, chaque membre beneficie, a tour de role, du travail des autres, ce qui evidemment presente de forts interets, notamment en matiere de construction puisque le beneficiaire dispose alors d'un logement en un temps record.

Ces prestations de groupe sont des occasions saines d'echange d'idees et de critique d'actualite tous azimuts.

iii) Les associations d'entraide de profil mutualiste: troisieme type de tontines rwandaises, elles representent moins de 3% de l'ensemble des tontines de ce pays.

Le principe de base d'une association de type mutualiste est le suivant: les membres d'une telle association se promettent certaines prestations et/ou par le paiement d'une cotisation, alimentent regulierement un fonds pour couvrir systematiquement, en tout ou en partie, les frais lies a certains evenements (accident corporel, maladie, incendie, deces-funerailles,...) dont l'occurrence est imprevisible. Ce caractere aleatoire de la date de survenance de l'evenement est l'element fondamental d'une vraie mutualite.

On pourra noter cependant que les risques assures par ces tontines sont habituellement couverts par le reseau de solidarite coutumiere fonde sur la consanguinite, les echanges matrimoniaux ou le voisinage. On peut donc dire que la contribution reelle du mouvement mutualiste est tres limitee.

iv) Les associations d'entraide de profil cooperatif: dernier type connu de tontines au Rwanda, elles representent 1.5% environ de l'ensemble du mouvement tontinier rwandais. On peut qualifier ces associations comme un etat intermediaire transitoire entre les tontines et les cooperatives. Elles concernent essentiellement des series d'activites de production de biens en commun par les membres.

On suppose que les tontines rwandaises sont le resultat d'un processus de mutation des structures preexistantes vers des structures d'entraide resolument au-dessus du lien parental et cela sous l'effet d'un usage de plus en plus radical de la monnaie dans la societe traditionnelle.

Il semble egalement que les migrations alternantes de l'epoque coloniale entre le Rwanda et les territoires britanniques d'Afrique orientale soient en cause. En effet, les premieres organisations tontinieres ont pris naissance dans la peripherie orientale du pays: ibimina (associations d'echange rotatif d'argent) en prefecture de Byumba et muvandimwe (associations composites d'echange rotatif d'argent, de mutualite et d'epargne-credit) en prefecture de Kibungo.

Selon toute vraisemblance, ce mouvement a donc ete introduit de l'etranger par le biais de quelques migrants revenus au Rwanda par la suite et qui ont implante le systeme dans leur pays vars les annees 1940.

Depuis l'epoque ou le phenomene tontinier a fait son apparition au Rwanda, il n'a cesse de se repandre sur tout le territoire. Comme nous l'avons vu precedemment, on compte aujourd'hui pres de 10000 de ces associations, celles-ci regroupant en leur sein environ 200.000 membres. C'est surtout depuis une vingtaine d'annees que le phenomene s'est fortement accelere, puisque le pays ne comptait qu'une centaine de tontines en 1977. On peut donc en conclure que le mouvement tontinier est d'emergence tres recente au Rwanda (Le taux annuel de croissance de ce mouvement est de 24.77%).

L'etude realisee par Jean NZISABIRA (AUPELF-UREF, note de recherche n91.15) sur les tontines rwandaise nous renseigne sur leur structure socio-demographique:

-Les tontines sont, en tres large majorite, de tres petite taille sociale (en moyenne 19 membres).

-Elles sont composees d'une tres large majorite d'hommes adultes, de peu de femmes et de peu de jeunes de moins de 18 ans.

-Enfin, elles sont en general l'affaire de paysans peu fortunes.

En 1987, on estime a un milliard de francs le montant des transactions ayant eu lieu a l'interieur des tontines rwandaises.


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BURKINA FASO:

Dans ce pays egalement la tontine est une pratique courante, et plus particulierement en milieu urbain ou le taux de monetarisation est relativement important.

Les informations dont nous nous servirons ici viennent d'une etude realisee en 1990 et portant sur environ 70 tontines.

Voici les caracteristiques des tontines du Burkina Faso:

-Les motifs de constitution d'une tontine sont par ordre decroissant d'importance: pouvoir epargner, securite au niveau social ou motif purement financier.

-Les tontines traditionnelles avaient base leurs liens sur des considerations ethniques, claniques, tribales ou de parente etroite. Mais dans le contexte evolutif actuel de la societe, ces liens se sont beaucoup effrites surtout en milieu urbain, au profit d'autres formes de polarisation des relations. Desormais, la plupart des tontines se constituent autour du lien du travail, d'une meme activite ou d'un quartier.

-Au Burkina Faso, 51% des tontines sont exclusivement reservees aux hommes contre 36% pour les femmes. Et 13% sont mixtes.

-Il n'y a pas de droit d'entree a payer pour participer a une tontine, mais il faut etre presente par un ancien membre ou le president a titre de caution morale.

-65% de ces tontines ont moins de 20 membres, 26% en ont entre 20 et 50, et seulement 9% detenaient des effectifs compris entre 51 et 150 membres.

-Concernant la periode de rotation, 43% des tontines ont une rotation d'une duree egale a un mois, suivent celles d'une duree comprise entre 2 et 7 jours (35%), 6% ont une rotation superieure a un mois, et 3% dure entre 8 et 15 jours. La periode d'une journee est egalement bien representee avec 13% des tontines concernees.

-Dans les tontines observees, les cotisations de 1000 a 5000 F sont dominantes (42%). Les petites cotisations de niveau inferieur a 500 F occupent 32% des cas. Les cotisations de l'ordre de 5000 F et plus representent 17%. La tranche de 500 a 1000 F est sous representee avec seulement 9% des cas.

-La tranche modale des fonds recoltes a chaque tour est comprise entre 10000 et 20000 F (26%). Les tranches de 20000 a 30000 F ; 30000 a 50000 F representent respectivement 20 et 19%. Les niveaux de 50000 a 100000 F, et de plus de 100000F occupent chacun 10%.

-Dans 49% des cas, l'attribution des tours pour recevoir les fonds recoltes se fait selon la respectabilite du membre, son honnetete, le degre de confiance manifeste par le groupe a son egard, sa solvabilite. Le president joue un role fondamental dans cette attribution des tours. Dans 35% des autres cas, le beneficiaire est tire a chaque tour, et dans 10% des cas, le systeme des encheres le determine.

La tontine est donc un phenomene de masse au Burkina Faso, et surtout, comme nous l'avons dit, en milieu urbain qui se situe a un stade avance portant sur les tontines monetaires. Autrefois basee sur le travail, elle repose aujourd'hui davantage sur la monnaie depuis l'introduction des rapports marchands et de la monnaie dans l'economie. Et comme dans de nombreux autres pays, la proliferation des tontines provient egalement de la difficulte d'acces au credit bancaire.


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BENIN

Le Benin est egalement un pays ou le phenomene tontinier s'est fortement developpe ces dernieres annees. Quelques enquetes menees par des etudiants autochtones sans grands moyens permettent deja de degager quelques grandes caracteristiques:

-l'etude realisee par l'un d'entre eux a montre que dans ce pays, pratiquement tous les hommes et toutes les femmes de plus de dix-huit ans participent a une tontine.

-Une autre enquete effectuee au sein d'un ministere revele que 98% des personnes interrogees sont membres d'une tontine.

-Le ministere du developpement a lui-meme effectue une enquete dans un certain nombre de communes reparties dans plusieurs provinces. Celle-ci a montre que moins de quatre pour-cent des personnes interrogees pensaient que les tontines constituaient un obstacle a la mobilisation de l'epargne rurale.

D'autres travaux menes par l'Universite des Reseaux d'Expression francaise dans le cadre d'une etude sur les circuits paralleles de financement ont confirme que la tontine etait une pratique tres repandue au Benin, et peut etre plus encore que dans les pays voisins. Le developpement de la pratique tontiniere comme de l'ensemble du secteur informel semble provenir d'une reaction aux programmes d'ajustement elabores par le Fonds monetaire et la Banque mondiale.

Comme dans de nombreux autres pays, les deux formes de tontines les plus repandues au Benin sont les tontines mutuelles et commerciales. On pourra se reporter aux exemples precedents pour plus de details sur le fonctionnement de ces deux formes traditionnelles de tontines.

Les tontines beninoises sont egalement, comme beaucoup d'autres, caracterisees par une grande souplesse ce qui leur permet une adaptation constante. Et au Benin comme ailleurs, la tontine pourrait servir de point de depart pour un rapprochement avec la finance institutionnelle.

REMARQUES: Nous l'avons vu, les tontines sont presentes dans la majeure partie des pays africains. On les trouve egalement au Togo sous les formes que nous connaissons deja, tontines mutuelles, commerciales ou financieres, mais egalement au Congo, au Nigeria ou autres, presentant a chaque fois des caracteristiques qui leur sont propres. Il peut arriver que les communautes qui s'expatrient reconstituent leurs tontines dans d'autres pays, c'est le cas par exemple d'un groupe de camerounais en republique Centrafricaine (CF biblio).

IV) LES TONTINES ASIATIQUES:

A) GENERALITES

On a vu comment etaient organisees les tontines africaines. En Asie, Les choses sont aussi tres avancees. Il est frequent de trouver dans les tontines asiatiques un reglement tres detaille precisant meticuleusement toutes les modalites des operations qui peuvent exister entre les participants.

En Asie, les tontines sont devenues de veritables entreprises, et etre organisateur ou gestionnaire d'une tontine est aujourd'hui un metier comme un autre. Ces gestionnaires ont meme souvent des bureaux ayant pignon sur rue et ils peuvent gerer plusieurs tontines a la fois creant ainsi une « societe de tontines ». Dans de nombreux pays, les tontines ou societes de tontines sont de veritables institutions financieres, et la publicite cherche a attirer de nouveaux participants...

a) Les finalites de la tontine asiatique.

Contrairement aux pays africains ou les pratiques financieres informelles sont davantage orientees vers la mobilisation de l'epargne, elles sont en Asie tournees vers la disponibilite du credit.

De meme, si l'aspect de convivialite est egalement present, il n'est pas dominant. Les tontines a vocation financieres sont les plus importantes, et l'utilisation des fonds est davantage tournee vers l'investissement que vers la consommation.

c) Les diverses formes de tontines.

Ainsi donc, dans de nombreux pays asiatiques on rencontre souvent deux sortes de tontines: les unes tournees vers l'entraide familiale, les autres vers la finance et les affaires.

-Les tontines d'entraide familiale prennent de tres nombreuses formes. Elles ont pour objet principal de permettre aux participants de faire face aux depenses occasionnees par le deces d'un proche, en general celui d'un des parents. Les apports peuvent se faire tant en especes qu'en nature ou en services. Elles ressemblent donc beaucoup aux tontines africaines (ayant une vocation sociale).

-Il y a egalement des tontines d'epargne ou de consommation. Celles-ci sont constituees par un initiateur qui forme un groupe de personnes ayant toute confiance en lui puisqu'il est en regle generale celui qui desire emprunter. Il dispose donc du premier versement et devient le debiteur des autres participants, les remboursant progressivement pendant toute la duree du cycle. Les autres tours seront determines soit par accord mutuel, soit par tirage au sort, effectue des le depart ou a chaque fois.

-Les tontines a vocation financiere. Dans ce cas, les fonds sont attribues a chaque tour - au-dela du premier reserve a l'initiateur - au participant qui propose l'enchere la plus elevee. Cette enchere peut etre reglee de deux facons differentes:

-soit par augmentation des versements effectues ensuite a chaque tour;
-soit par diminution des versements que les participants doivent effectues par la suite au benefice de l'interesse.

(Ces deux formules seront detaillees dans l'exemple des tontines chinoises dans le chapitre suivant)

Ainsi, un taux d'interet apparait dans ces tontines avec encheres. Il est different pour chacun des participants et il diminue au fur et a mesure que les tours passent puisque la concurrence se fait moins vive et que la fin du cycle approche. L'enchere est donc un interet qu'il faut payer pour disposer des fonds avant les autres.

Ces tontines prennent des noms divers dans de nombreux pays, et sont parfois simplifiees dans leur fonctionnement, les tontines chinoises etant sans doute les plus complexes. (Chitt Funds en Inde, Paluwagan en Malaisie, Cheetu au Sri Lanka....).

c) STATUT DES TONTINES.

Le fait que les tontines aient evolue vers des societes de tontines a accelere leur legalisation. C'est au Japon qu'est apparue la premiere loi reglementant les societes de tontines ( le Mujin Business Act de 1915). Cette loi avait pour but de limiter les risques d'abus et de proteger les participants. Elle a ete adoptee a Taiwan et en Coree quelques annees plus tard. Par la suite, d'autres lois sont venues s'ajouter a celle-ci dans le but de limiter ou de restreindre les operations tontinieres et pour transformer progressivement ces societes de facon a les rapprocher des banques.

Mis a part ces trois pays, d'autres ont egalement legifere dans ce domaine, mais simplement pour donner un cadre legal a l'activite tontiniere et non pas pour les faire evoluer vers des organismes bancaires. La egalement, les principales dispositions prises concernaient avant tout la protection des participants .

B) LES TONTINES DANS DIFFERENTS PAYS ASIATIQUES.

Coree Kye Mujin
Vietnam Hui Ho
Taiwan
Chine Hui
Indes Chit
Sri Lanka Cheetu
Nepal Dhiku Dhikuti
Singapour Chit
Malaisie Kutu Konpsi
Thailande Pia-share Pia-huey
Indonesie Arisan
Philippines Paluwagan
Pakistan Bisi
Japon Kou Mujin


| ASEAN | INDE | JAPON | CHINE | TAIWAN |
ASEAN

Au Sri-Lanka, comme dans beaucoup de pays, les groupes volontaires sont crees pour repondre a des besoins specifiques tels que, par exemple, les depenses necessaires a des funerailles. Les associations rotatives d'epargne et de credit prennent ici le nom de cheetu. Leurs formes sont diverses, mais leur principale caracteristique est que les participants font des versements a intervalles reguliers, et la caisse obtenue est distribuee sur un principe de loterie, aux encheres ou selon un ordre de paiement predetermine. Ces associations volontaires de credit sont psychologiquement tres motivantes pour des personnes a faibles revenus et les poussent a epargner des sommes importantes. Donc celles-ci ne sont pas differentes de ce que nous avons pu observer jusqu'a present.

En Thailande, c'est tout particulierement en milieu rural que la finance informelle est importante. Mais ici, celle-ci est surtout composee de « preteurs », et l'on ne rencontre que peu de tontines. Ces preteurs sont soit des non-commerciaux (parents et amis), soit es commerciaux (preteurs professionnels, commercants, proprietaire et autres...).

Le Paluwagan est la version Philippines des associations rotatives d'epargne et de credit. On la trouve principalement dans les bureaux prives ou gouvernementaux, mais egalement dans des categories de communautes a faibles revenus des zones urbaines. Ces Paluwagans offrent des possibilites d'epargne aux menages, et leur permet de surmonter les problemes d'indivisibilite d'investissement et de consommation, a l'echelle de leurs capacites financieres.

En Indonesie, les tontines prennent le nom d'Arisans. C'est la forme la plus ancienne et la plus repandue de groupes financiers indonesiens. Ils sont tres populaires a l'interieur de toutes les classes sociales, riches comme pauvres. Les fonds recoltes servent en general pour la consommation, l'achat d'appareils menagers, le reglement des frais de scolarite ou celui d'une dette impayee. Il arrive parfois que ces fonds servent de fonds de roulement ou d'investissement.

Les caracteristiques de ces tontines (objectif, periode de rotation, ...) sont celles que l'on retrouve dans les autres tontines etudiees jusqu'a present, en notant toutefois que se sont en grande majorite des femmes qui les composent.


| ASEAN | INDE | JAPON | CHINE | TAIWAN |
INDE

En Inde, les chit funds (egalement appeles kuri ou chitty) sont organises par des societes, des partenariats et des entreprises individuelles. Ces institutions sont presentes partout en Inde. On pense qu'elles sont nees d'une necessite, avant l'apparition des banques modernes et l'instauration de la tutelle britannique sur le pays. Les villageois avaient besoin d'un moyen de stocker leur surplus de production (ou de mettre en lieu sur l'argent provenant de sa vente) entre les recoltes. Un « president » supervisait la procedure, mais il n'etait pas remunere. Une contribution en nature etait tout de meme demandee, celle-ci etant par la suite remise, dans un esprit d'entraide, a un membre dans le besoin. Par la suite, cette contribution a ete attribuee par tirage au sort. Puis les chit ont evolue ; le president s'est vu remplace par un organisateur qui a commence a prelever une commission et a acquis le droit de recevoir le fond au premier tour car ses responsabilites etaient de plus en plus grande.

Enfin, la monnaie a fait son apparition et les contributions en nature ont disparu des chit funds. Au cours de leur evolution, les chits funds ont aussi connu un changement au sein de leurs participants. En effet, si au debut ceux-ci etaient avant tout des agriculteurs cherchant a accumuler de l'epargne, les negociants et les salaries se sont interesses a ces chit funds dans le but de se voir ouvrir des facilites de credit.

La forme la plus elementaire des chit funds monetaires est tres proche de ce que l'on a vu jusqu'a present: Le promoteur (contremaitre) d'un fonds chit percoit un versement periodique specifique aupres de chacun des membres pendant une periode specifique. A chaque versement mensuel, le total des versements de tous les membres moins une commission de cinq pour cent, versee au promoteur, est donne a l'un des membres selectionne par tirage au sort ou par des encheres, selon une rotation. Tous les membres effectuent des versements pendant la duree specifiee a l'avance. Un meme membre ne peut recevoir qu'une seule fois la caisse.

On peut noter que les chit funds aujourd'hui fonctionnent pratiquement tous avec un systeme d'encheres, celui-ci permettant de compenser les membres qui recoivent le fonds vers la fin du cycle.

Aujourd'hui, la majeure partie des chit funds en Inde sont geres par des societes.

Donc, l'evolution des chit funds indiens s'est faite par etape, partant d'un simple fonds tournant en nature et passant par un systeme d'encheres plus sophistique pour culminer en des societes de chit funds gerees par des intervenants institutionnels. Tout au long de cette evolution, ils se sont adaptes au milieu dans lequel ils operaient et se sont egalement adaptes a l'evolution de leurs participants. Le gouvernement indien est lui-meme intervenu pour reglementer le fonctionnement des chit funds et pour assurer la protection des souscripteurs.


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JAPON:

Les tontines japonaises, les Kous, ont constitue jusqu'au milieu du XXo siecle une forme d'intermediation financiere populaire, surtout dans les zones rurales. Elles ont aujourd'hui disparu, mais ont, dans le passe, joue un role important dans ce pays qui possede desormais un systeme financier moderne et efficace. Les pays a faibles revenus pourraient donc se servir de l'experience japonaise pour ameliorer le leur.

On estime que ces kous ont fait leur apparition vers le XIIo ou XIIIo siecle, et ils ont garde tout au long des siecles la meme structure de base et les memes regles. On trouvait des kous dans les regions urbaines et rurales, et ils etaient egalement populaires dans la societe samourai (guerriere).

Au debut du XXo siecle, leur importance etait considerable dans la societe japonaise. En effet, en 1910, on comptait 985 kous inscrits a la prefecture de Kyoto, 4000 a la prefecture de Fukushima et plus de 22300 a Hiroshima. D'autres enquetes realisees les annees suivantes n'ont fait que confirmer cette importance, puisqu'on estimait qu'il y avait au moins un kou dans 75% des villages, petites et grandes villes.

Ces tontines avaient ete creees non seulement dans des buts economiques, mais aussi dans des buts sociaux, religieux, ou a des fins de distraction (fetes par exemple).

On pense que les kous fournissaient surtout des fonds pour des objectifs de long terme et n'avaient pas grand chose a voir avec le financement a court terme ou les depenses d'exploitation.

Puis les Kous ont lentement disparu des regions rurales, et en 1950, on en trouvait que quelques uns dans certaines regions isolees. Comme dans toutes les tontines que nous avons vues, il existe des forces et des faiblesses:

les forces:

  • Tout le monde connait les kous parce qu'ils existent et sont populaires depuis longtemps.
  • Un kou est facile a organiser.
  • De simples paysans peuvent facilement y participer.
  • Il encourage l'epargne.
  • Les taux d'interet du Kou sont plus bas que ceux des preteurs professionnels et preteurs sur gages;
  • Les membres peuvent faire des emprunts a long terme avec remboursements echelonnes.
  • En general, les emprunteurs n'ont pas besoin d'hypothequer.
  • Le kou fonctionne a partir d'un esprit d'aide mutuelle.
  • Les dettes envers un kou ne sont pas honteuses pour celui qui recoit les fonds.
  • Le kou encourage les esprits speculatifs.
  • Tous les participants ont l'opportunite de beneficier d'un pret.

    Les faiblesses:

    • Les kous sont facile a organiser, ce qui les rend parfois vulnerables en temps de crise economique.
    • Les taux d'interet varient beaucoup, selon les encheres.
    • Les taux d'interet sont parfois eleves.
    • Les membres ne recoivent pas toujours des fonds quand ils en ont besoin.
    • Les liens legaux ne sont pas bien etablis et les disputes sont difficiles a resoudre.
    • Un organisateur peut parfois tricher au detriment des membres.
    • Celui qui ne s'attend pas a recevoir les fonds peut les gaspiller.
    • Dans les kous plus complexes, les membres ont du mal a calculer les taux d'interet.


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    CHINE:

    Signalons tout d'abord que les tontines ne sont pas autorisees en Chine et meme condamnees. Elles agissent bien entendu en dehors de toute reglementation et de tout controle, ce qui a parfois amene le gouvernement chinois a reprime les organisateurs de tontines, assimilant ces derniers a des usuriers, ce qui est totalement faux.

    L'apparition de ces associations en Chine serait liee au developpement des activites economiques des monasteres bouddhiques. Ainsi, les tontines auraient suivi la route de penetration du bouddhisme en Asie, celui-ci venant de l'Inde, traversant allors la Chine et continuant jusqu'en Coree, puis au Japon....

    On peut distinguer en Chine, outre les tontines d'entraide classiques, trois formes de tontines de credit:

    -Les tontines avec levees a tour de role: dans ce cas, le tontinier, souvent l'initiateur de la tontine, reunit entre cinq et dix personnes autour d'un projet de tontine. Il en aura lui-meme fixe les dispositions generales, c'est-a-dire le montant de la tontine, le montant des mises et des remboursements periodiques, la periodicite des levees...

    Le tontinier est dans la grande majorite des cas le premier beneficiaire de la tontine. Ensuite, l'ordre dans lequel les participants leveront la tontine est fixe par accord mutuel ou par tirage au sort lors de la constitution de la tontine. Le montant de la levee est le meme pour tous, alors que celui des mises differe selon l'ordre de la levee.

    Pour determiner le montant des remboursements, on applique le principe suivant: plus tardive est la levee, plus faible est le montant des versements, initial et periodiques, et, plus avancee est la levee, plus eleve est le montant des remboursements.

    On peut differencier dans ce principe deux formules, classique ou modernes. Dans l'une, le tontinier est beneficiaire d'un credit totalement gratuit, dans l'autre, le cout de son credit est proportionnel a sa duree comme pour n'importe lequel des participants. A souligner encore que dans le premier cas, le tontinier organise un banquet a ses frais a chaque reunion, alors que dans le second cas, c'est qui leve la tontine qui paie ce banquet.

    De plus, dans le cas de la formule classique, le montant des versements periodiques est constant tout au long du cycle, alors qu'il differe dans le cas de la formule moderne suivant que les participants aient ou non leve la tontine.

    -Les tontines avec levees tirees au sort: Contrairement au cas precedent ou l'ordre des levees etait connu par avance, on procede ici a un tirage au sort lors de chaque reunion pour determiner le beneficiaire de la levee. La encore deux formules differentes existent.

    Une formule simple d'une periodicite de quinze jours a deux mois, tres populaire. Dans celle-ci, le montant des versements periodiques est fixe une fois pour toutes, et il est inferieur au montant des remboursements periodiques fixe egalement une fois pour toutes. Le montant des levees n'est pas le meme pour chaque individu, il augmente tout au long de la tontine, le tontinier beneficiant comme dans le cas precedent d'un credit gratuit.

    Dans le cas de la formule complexe, qui s'adresse a des individus plus instruits, la periodicite est souvent semestrielle. Les montants des levees et celui des remboursements est fixe a l'avance, cela supposant un recalcule pour chaque periode des versements des participants n'ayant pas encore leve la tontine. Le calcul effectue a chaque tour est le suivant: on additionne les montants des remboursements effectues par les participants ayant deja leve la tontine, et on les soustrait du montant de la levee. Puis on fait le rapport entre le resultat obtenu precedemment et le nombre de participants « vifs » (n'ayant pas encore leve la tontine) moins un (celui designe par le sort ce jour la). On obtient alors le montant des remboursements que toucheront les participants devant attendre encore un tour ou plus.

    -Les tontines avec levees par encheres: Dans ce dernier cas, les fonds sont attribues, au-dela du premier tour reserve a l'initiateur, au participant proposant l'enchere la plus elevee. La-aussi deux formules se distinguent:

    La formule « en dedans »: ici, la somme levee par l'encherisseur le plus offrant est egale : au remboursement (egal a la mise initiale) du tontinier + le remboursement (egal a la mise initiale) de chacun des participants ayant deja leve les fonds + le versement par chacun des participants n'ayant pas encore leve les fonds d'une somme egale a la mise initiale deduction faite du montant de l'enchere personnelle de l'encherisseur le plus offrant. Les remboursements periodiques du participant qui leve la tontine seront egaux au montant de la mise initiale.

    La formule « en dehors »: selon cette formule, la somme levee par l'encherisseur le plus offrant est egale : au remboursement du tontinier + le remboursement par chacun des participants ayant deja leve les fonds d'une somme egale a la mise initiale augmentee de son enchere personnelle + le versement par chacun des participants n'ayant pas encore leve les fonds d'une somme egale a la mise initiale.

    Les remboursements periodiques du participant qui leve la tontine seront egaux au montant de la mise initiale augmentee de son enchere personnelle.

    En Chine comme dans beaucoup d'autres pays, les variantes suivant les differentes tontines sont tres nombreuses. Ces tontines sont encore tres presentes en Chine et egalement dans toutes les communautes chinoises expatriees comme c'est le cas a Paris notamment.


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    TAIWAN:

    Plusieurs enquetes realisees dans les annees quatre-vingts ont egalement montre l'ampleur du phenomene tontinier a Taiwan.

    -90% des paysans Taiwanais participeraient a des tontines avec levees par encheres (que nous venons de decrire pour l'exemple chinois);
    -20% de celles-ci sont en nature, elles reunissent en moyenne dix personnes sur une periode de cinq ans.
    -80% sont en especes, reunissant en moyenne 24 personnes sur une periode de deux ans.

    Le but des tontines en nature est avant tout de constituer une epargne speculative a moyen terme, alors que celui des tontines en especes est d'aider un pair a faire face a un besoin de financement. Pour les paysans les moins riches, les tontines representent 50% de leur source de financement externe, contret seulement 20% pour les plus riches.

    Une autre enquete, qui cette fois a ete realisee en milieu urbain revele d'autres comportements. Dans ce cas, 33% de l'epargne des menages s'effectue sous forme de participations a des tontines, et la participation des menages les plus aises pour se constituer une epargne est assez importante. La forte propension a epargner des menages urbains venait en particulier d'une politique de limitation de la consommation des biens de luxe (importes), et egalement du fait que les plus aises avaient epuise les avantages du systeme bancaire et se tournaient vers ces placements plus speculatifs.

    Enfin, on peut egalement souligner que les menages qui investissent dans les tontines participent en moyenne a plus de deux tontines simultanement, et que le nombre moyen de participants croit avec le revenu.

    On trouve egalement des tontines dans certains pays d'Amerique Latine. Voici les noms sous lesquels on peut les rencontrer.

    Bresil
    Mexique
    Republique Dominicaine
    Bolivie
    T. Tobago
    Consorcio
    Cunduira
    San
    Pasanaku
    Susu

    REMARQUES SUR LA SECONDE SECTION.

    Comme nous l'avons vu precedemment, les tontines existent depuis des annees, voire des siecles. Elles ont resiste aux evolutions de l'economie, s'adaptant aussi bien a l'economie de troc qu'a l'economie monetaire, est suivant les flux migratoires lorsque les habitants des villages s'en allaient vers les villes.

    Pour M. Lelart (1990), « en Afrique, depuis toujours, l'epargne, le credit, la finance sont d'abord informels ». Or, de fait, on peut se demander comment le phenomene tontinier est reste aussi longtemps meconnu. Quelques explications permettent de comprendre pourquoi on ne s'est interesse que tardivement aux tontines.

    -Le developpement des pays africains et des autres pays en developpement etait base sur l'implantation des banques et sur la diffusion de leurs services aupres des populations locales. Les banques devaient alors favoriser la mobilisation de l'epargne. Mais les banques n'ont pas cherche a comprendre les mentalites africaines. En effet, pour les africains, l'epargne n'est pas une attitude face au temps qui passe, elle est une attitude a l'egard de ceux qui sont proches. Ainsi, un paysan ou un ouvrier africain ne cherchera pas a assurer son avenir tout seul en placant son argent dans une banque, mais comme il cherche avant tout a privilegier ses relations sociales et a s'enraciner au sein d'un groupe, il choisira plutot de placer son argent au sein d'une tontine puisque celle-ci correspond beaucoup plus a ses motivations.

    Ainsi, la tentative d'implantation des banques basee sur le modele occidental a echoue car il n'a pas su s'adapter au milieu dans lequel il evolue.

    -L'ampleur du phenomene tontinier est aussi apparue du fait que les economistes recherchent desormais un autre mode de developpement, suite a l'echec des processus de developpement a l'occidentale, c'est-a-dire industrialisation et ouverture internationale.

    En effet, ces deux modes de developpement ont favorise la destructuration de la societe africaine, et cette mutation de la societe a genere des informalites de survie, de substitution, voire de complementarite permettant aux populations de s'adapter, et surtout de « resister » a ces mutations.

    Pour trouver de nouvelles solutions, il faut chercher a mieux comprendre les mecanismes de l'economie de ces pays, et donc cela necessite de s'intereser de tres pres au cas de la finance informelle et des tontines.

    -Si le phenomene tontinier est reste aussi longtemps meconnu, cela vient egalement du fait que la science economique ne peut pas quantifier l'economie informelle ni l'integrer dans les comptes nationaux, et donc, on ne peut apprehender la finance informelle et lui appliquer les instruments d'analyse dont on dispose, car l'informel n'est pas quantifiable et ne se prete pas a une analyse scientifique rigoureuse.

    Les etudes qui s'interessent desormais au secteur financier informel ne doivent plus etre que des etudes economiques, mais elles necessitent une demarche pluridisciplinaire.(historique, sociale, juridique, ethnologique,...).

    CONCLUSION SUR LE PHENOMENE TONTINIER.

    L'importance des tontines est telle qu'il faut tenir compte aujourd'hui de ce phenomene dans l'analyse du developpement. De plus, la question du developpement financier et de son role dans l'evolution economique des pays en developpement est de plus en plus debattue par les experts.

    Il apparait maintenant que celui-ci a un role actif dans le processus de developpement dans son ensemble. Mais puisque la finance informelle est exclue de l'analyse, celle-ci perd de son interet, et la relation developpement economique-developpement financier n'est pas precise...Or, il est reconnu desormais que la finance informelle permet de financer le secteur moderne alors que le secteur informel lui-meme a besoin de la finance institutionnelle pour exister..

    C'est cette relation que nous allons etudier dans la section suivante. Nous exposerons les theories relatives au dualisme financier, ces effets en terme de cout avantages, et les voies et moyens pour reduire ce dernier, en nous attachant tout particulierement a montrer que les tontines sont peut-etre le moyen d'y parvenir.



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